Retour sur la conférence “journée nationale” des CRMVT d’avril 2022

Les CRMVT (Centre de référence sur les maladies à tique) ont fait leur journée nationale de communication.

Leur site internet – https://crmvt.fr/ – liste notamment tous les centres de compétences et de références, explique le parcours de soin avec le médecin généraliste au centre du système pour orienter son patient vers les centres de compétence pour des examens approfondis, rassemble quelques documents de prévention mais aussi des informations sur la forme aiguë de la maladie.

Il y a quelques écrits qui nous surprennent et qui ne correspondent pas à la connaissance au niveau international.

Le laboratoire propose également un « examen des symptômes spécifiques qui nous orientent vers des profils typiques de coinfections (Anaplasmose, Bartonelles, Chlamydia, Ehrlichia, Mycoplasma, Rickettsia, Bornavirus etc…) ». Or ces infections ne donnent pas des symptômes spécifiques et encore moins d’infections chroniques.

https://crmvt.fr/foire-aux-questions/

L’association n’est pas citée dans l’élaboration des recommandations françaises de Juin 2018 ! Cf ici

Lors de la journée nationale, une série de conférence avait été mise en place. En voici quelques extraits ou commentaires :

  1. Kevin BOUILLER a fait une présentation des dernières publications sur la maladie de lyme aiguë, notamment dans l’utilisation des traitements.
  2. Aurélie Velay a fait un point sur l’encéphalite à tique. Elle est émergente en France depuis 10 ans et en expansion à partir des foyers d’endémie de l’Europe du nord et centrale avec une augmentation des infections du printemps à l’automne. Les séquelles neurologiques à long terme sont de 25 à 65 %. TBEV est transmis par les tiques et le lait de chèvre au lait cru.
  3. Nathalie Boulanger présente une étude de deux familles de tiques dans le Grand-Est : Dermacentor et Ixodes. La transmission des virus se fait dans la première demi-heure après la piqûre, alors que c’est plus long pour les bactéries. Dermacentor est une espèce en expansion qui porte dans 50% des analyses des rickettsies.
  4. Laurence Sabatier et Nathalie Boulanger présentent une nouvelle technique : utilisation de l’outil protéomique pour le diagnostic de la borréliose de Lyme (étude des protéines). Ils ont des données inattendus : présence de borrelia dans le tissu de la peau à + 150 jours chez leurs modèles animaux sans explication de leur part. Par rapport à la PCR, moins cher et plus rapide avec une sensibilité équivalente.
  5. Costanza Puppo présente une étude de la représentation sociales de la maladie de Lyme. Le problème est que “lyme chronique” a été définie comme borréliose de lyme en oubliant les autres maladies à tique. Le problème de définition du vocabulaire vient aussi des patients qui ne font pas la différence entre lyme et MVT. Le patient est quand même pris comme une personne qui se laisse facilement influencer par internet ou par des proches du milieu médical.
  6. Jacques Sevestre présente les foyers de borréliose de Lyme en PACA. L’étude confirme la présence de tique Ixodes ricinus en PACA ainsi que de la borréliose de lyme sensus lato.
  7. Olivier Lesens présente un projet de Développement d’une APPlication d’identification des Erythèmes Migrants (DAPPEM). Ils doivent passer à une phase pilote avec l’ONF, la MSA, par ex.
  8. Pierre Boyer présente une analyse de la situation sur les « autres » MVT bactériennes : Anaplasma, Neoehrlichia… Leur discours est d’expliquer que les autres maladies à tique sont tellement rare dans leurs données de la litterature qu’il n’y a pas besoin de les chercher.
  9. Emmanuelle Albugues présente une analyse de cohorte rétrospective avec neuroborrélioses. L’étude montre l’intérêt d’un diagnostic et d’un traitement antibiotique rapides pour améliorer le pronostic. Ce qui implique de mieux former les médecins généralistes à reconnaitre les signes précoces pour donner la bonne dose et la bonne durée.

Les supports de présentation sont en ligne : https://seafile.unistra.fr/d/d48be3c2965c4f6db797/