La tique : un être vivant étonnant !

Outre la tique, les puces, poux, moustiques et taons peuvent être des vecteurs de transmission de maladies dont les espèces animales côtoyant l’homme deviennent le réservoir. Elles sont généralement appelées “maladies à tique” par vulgarisation et simplification de l’information diffusée.

La tique est-elle un insecte ?

Non : elle n’a pas d’ailes, elle a 8 pattes (et non 6), elle n’a pas d’antennes. Elle fait partie du groupe des araignées, acariens, scorpions. Et pour se déplacer elle marche ou se laisse tomber !

  • classe des arachnidés
  • sous-classe des acariens
  • ordre des Ixodida

Il existe environ 850 espèces de tiques dans le monde.

Au niveau mondial, les tiques se répartissent en deux grandes familles :

Tique Ixodes ricinus (en haut) et Dermacentor marginatus (en bas).

De quoi se nourrit-elle ?

Uniquement de sang qu’elle prélève sur les êtres vivants qui passent à sa portée et qu’on appelle « les hôtes ». Elle est dite hématophages.

Pour atteindre ses hôtes elle attend sous les feuilles mortes ou se met à l’affût dans les buissons ou sur une herbe haute (jusqu’à 1.5 m) en tendant ses 2 pattes avant où se trouve un véritable petit « radar », organe sensoriel de Haller, qui lui transmet les vibrations et la chaleur de ceux qui ont le malheur de passer près d’elle. Et elle a une patience extraordinaire ! Et des petites griffes aux pattes pour s’accrocher facilement !

Une tique en attente de son hôte

La particularité des tiques de l’espèce Hyalomma est de pouvoir se déplacer vers son hôte potentiel. Cf Lien avec vidéo

Et pour manger c’est un vrai phénomène !

D’abord elle ne fait que 3 repas dans sa vie (elle vit de 2 à 4 ans).

Il y a 3 stades dans sa vie et pour changer de stade, il lui faut un repas.

On part d’un œuf :

stade 1 : la larve ; minuscule qui a 6 pattes seulement (0,5 à 1,5 mm) /  1° repas

– stade 2 : la nymphe ; (ni mâle ni femelle) toute petite (1 à 2,5 mm) / 2°repas

Tique ayant fait un repas de sang

– stade 3 : l’adulte ; avec des mâles qui ne mangent pas  mais qui fécondent les femelles et les femelles qui font le 3° et dernier gros repas (elle peut devenir énorme ! un vrai petit monstre qui en plus a changé de couleur). Le mâle la féconde pendant ce repas et puis meurt! Quand elle a fini son repas, elle se décroche toute seule et se laisse tomber au sol où elle attend que les œufs se forment. Elle pond puis meurt…

Durant tout son cycle de vie, la tique ne passe qu’environ trois semaines sur l’hôte, et passe le reste du temps (2,5 à 3 ans) dans le milieu extérieur. La durée du cycle dépend donc fortement des conditions écologiques et climatiques, notamment du climat (température et humidité), du sol et de la couverture végétale. L’activité des tiques est la plus forte au printemps et en automne. La métamorphose et la ponte se font respectivement à 8°C et 10-11°C. La tique peut survivre entre -20°C (femelle adulte) et +41°C. Elle a également besoin d’un taux d’humidité élevé : 80-85 %.
Des études ont montré que la densité des tiques (et donc le risque de maladie) est lié au nombre de jours dans la saison où la tique est active. À chaque stade de développement, la tique prend un unique repas de sang qui dure de 2 à 15 jours suivant l’espèce et le stade.

La présence de gibier et de bétail influe sur la présence des tiques et le risque de maladies liées : dans les zones où le gibier ou le bétail est très présent, le nombre de tiques et celui de cas de borréliose de Lyme (la principale maladie transmise par les tiques) sont importants.
Les petits mammifères, les oiseaux et les reptiles sont appelés « réservoirs » de la bactérie responsable de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi), c’est-à-dire qu’ils lui servent d’habitat et lui permettent de se diffuser. L’Homme n’est qu’un « hôte accidentel » de cette bactérie, car il ne lui permet pas de se rediffuser après le repas sanguin.

Et vous ne savez pas tout encore !

Voici comment elle se met à table : d’abord, après avoir choisi l’endroit où elle veut piquer, tout en émettant une salive anesthésiante (elle est gentille : on ne sent rien !) elle commence à découper la peau avec ses petites scies (les chélicères) et à enfoncer progressivement son hypostome pour atteindre un petit vaisseau. (Chélicères et hypostome forment le rostre).

Elle émet aussi une sorte de colle pour être bien accrochée et, bien installée, les pattes en l’air, elle se gorge de sang en alternant aspirations et rejets (elle ne prend que ce qu’il l’intéresse  dans le sang et continue d’émettre colle et produit anesthésiant ! elle peut absorber jusqu’à 10 ou 100 fois son poids initial !

Mais qui sont ses hôtes ?

  • La faune sauvage : petits mammifères (écureuils, musaraignes…) des plus gros (lièvres, renards, hérissons…) des ruminants (cerfs, chevreuils…) des oiseaux, des lézards, et des serpents…
  • Des animaux domestiques : chiens, chats, vaches, chevaux….
  • L’homme : pas de chance pour nous !
Repas de tiques dans l’oreille d’un chien

Et les tiques : qui les mange ?

Les amateurs de tiques se recrutent parmi les mammifères insectivores, certains oiseaux, des insectes, des acariens, des lézards, des crapauds, des reptiles et la poule.

La poule les adore et peut en avaler 200 par heure dans une zone fructueuse !

La tique a un super pouvoir : l’ADAPTATION !

Elle existe depuis la préhistoire et survit à tout ! Il fait trop chaud ? Trop froid ? Hop elle joue les Belles au Bois Dormant, se met en diapause et attend que les conditions favorables reviennent (température supérieure à 3°C).

La tique voyage aussi grâce aux oiseaux, aux transports internationaux (dans le foin par exemple) et les espèces nouvellement arrivées s’habituent très vite. Ainsi les tiques nordiques ne craignent pas l’hiver… Elles deviennent de plus en plus nombreuses, de plus en plus résistantes et de plus en plus infectées. Autant dire qu’il faut s’habituer à vivre en leur charmante compagnie !

La répartition géographique des tiques en France

La répartition des tiques est inégale, il y a besoin de savoir que toutes les régions sont concernées.
Déclaration Signalement Tiques

Où ont lieu les morsures ?

Il est à noté que le massifs forestiers est le lieu principal des morsures déclarées avec presque 30 % pour les jardins privés.

Répartition des morsures de tiques par milieux. @Citique

De manière générale, les genres anciens de tiques (Ixodes et Haemophilus) se retrouvent dans les forêts. À l’inverse, les genres plus évolués (Dermacentor) privilégient des formations végétales ouvertes : steppes et prairies. La structure de la forêt, c’est-à-dire son découpage et la connectivité entre les parcelles, ont leur importance pour l’abondance des tiques.
Les tiques sont également présentes en zone urbaine et périurbaine.

La presence de tique dans les jardins privés et publics est totalement sous-estimée.

  • Distribution d’Ixodes ricinus
    C’est la tique la plus présente en France. Elle vit sur l’ensemble du territoire, excepté en bordure méditerranéenne, dans la roche et dans les zones situées à plus de 1 200 m d’altitude. Il existe de très grandes variations de distribution d’une région à l’autre et même d’un site à l’autre. Elle se retrouve dans la végétation à fort taux d’humidité, par exemple dans les forêts de feuillus.
  • Distribution de Dermacentor
    Il existe 2 espèces de ce genre en Europe : Dermacentor marginatus & D. reticulatus.
    Les adultes sont observés plus tôt que les autres espèces de tiques, notamment en février-mars mais leur présence s’étale sur l’automne et le printemps. Présent dans toute la France, dans les forêts, prairies, landes, broussailles…
  • Distribution de Rhipicephalus
    C’est l’espèce présente dans le Sud de la France. Chez l’homme, elle transmet les rickettsioses. Elle est présente sur les chiens.
  • Distribution de Hyalomma
    C’est une espèce peu fréquente mais identifiée dans le Sud de la France depuis plusieurs années, comme dans toute l’Europe. Elle est présente de façon inégale. Sa particularité est de chasser son hôte : elle se déplace vers lui pendant plusieurs minutes si nécessaire (attention au pique-nique).

Y a-t-il plus de tiques? Est-ce le changement climatique?

De nombreux facteurs entrent en compte dans l’écosystème des tiques et leur régulation, en autres les modifications climatiques, d’utilisation des sols et des espèces hôtes.

  • Pour le climat, il est établi que, puisque le climat aux hautes latitudes devient moins rigoureux, des tiques Ixodes ricinus sont observées plus au Nord : en Suède par exemple. En conséquence, on observe une augmentation de l’encéphalite à tiques dans la région de Stockholm. De la même manière, des tiques sont observées à de plus hautes altitudes (en Tchécoslovaquie).
    De plus, les changements climatiques auront des effets indirects sur l’abondance des hôtes des tiques, comme le cerf, et celles des hôtes réservoirs d’agents pathogènes comme les rongeurs et les oiseaux. Les hivers français de moins en moins rigoureux influent sur l’activité hivernale des tiques qui n’a plus besoin de se mettre en diapause pour passer cette saison. Cf l’interview de Nathalie Boulanger, entomologiste.
  • Pour les sols, la couverture végétale a une influence sur l’humidité du sol, ce qui en retour influence la survie et le cycle de vie de la tique.
    En Europe Centrale, à cause du changement climatique, l’épicéa commun (Picea abies) est remplacé progressivement par le hêtre (Fagus sylvatica). Or, les feuilles mortes fournissent un microclimat favorable aux tiques (humidité).
  • Pour les espèces hôtes, l’homme modifie l’écologie des régions et les distributions des espèces animales : gibier, rongeurs, etc. Les changements climatiques modifient également les répartitions des animaux. Ceci a une répercussion sur la répartition et la densité des tiques.
    Les animaux « exotiques » introduits peuvent avoir des influences. Par exemple, le Tamia de Sibérie est un écureuil originaire de Corée. C’est un « nouvel animal de compagnie », vendu en France. Des spécimens ont été relâchés dans la nature par leurs propriétaires, et il s’est répandu dans des forêts, en Île de France et Picardie. Dans la forêt de Sénart (Essonne), sa population est estimée entre 10 000 et 20 000 individus. Or, cet écureuil porte des nombreuses tiques Ixodes ricinus, et des chercheurs ont montré qu’il semble être réservoir de la bactérie responsable de la borréliose de Lyme (Borrelia burgdorferi), c’est-à-dire susceptible de lui permettre de se développer et la transmettre à l’homme.

Autre info : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31285697

Et le problème, le voilà : elles peuvent transmettre des infections !

Si elles ne faisaient que prélever un peu de sang on pourrait s’en accommoder : mais certaines transmettent des bactéries, des parasites, des virus, des protozoaires et des champignons ! Elles sont dites des « vecteurs » pour ces maladies, appelées « maladies vectorielles à tiques ».

Cartographier le risque des pathogènes transmis par la morsure de tique en France grâce à Citique de l’INRAE

Lien : Cartographier le risque de piqûre de tique en France grâce à Citique de l’INRAE

Comment s’infecte-t-elle ? En piquant des hôtes qui ont été infectés par d’autres tiques. (La larve est en principe moins infectée mais elle peut l’être par sa mère.) On sait que ce sont les nymphes, très voraces, qui sont les principales responsables des infections chez l’homme.

Erythème migrant, symptôme d’une infection à borrelia sensus lato

Attention : on ne les trouve pas seulement dans les bois et les forêts mais dans les jardins, sur les aires d’autoroute, dans les parcs et les jardins des villes !

DONC : il faut connaître ces risques et se protéger ! Pour savoir comment, consultez la plaquette de prévention, nos autres documents et apprenez les bons gestes !

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