Retour sur le défi Monte Cristo de Lise à Marseille
Bonjour à tous, je m’appelle Lise, j’ai 34 ans.
Dimanche 2 juin, j’ai réussi à nager le 5km sans palmes du Défi Monte Cristo en 1h56.
Il s’agit d’une course en mer au départ de l’île d’If à Marseille.
La maladie de Lyme a été diagnostiquée chez moi à 21 ans après deux ans d’errance médicale.
J’ai perdu à plusieurs moments l’usage de mes jambes, de ma vessie, de mon cerveau en général.
Je me perdais dans la rue.
J’ai du réapprendre à écrire normalement et enduré deux ans de lourds traitements/régime alimentaire.
Plusieurs crises s’en sont suivies avec des douleurs insupportables et des mois de béquilles.
La dernière en 2017.
J’ai à la suite de ça perdu mon travail, accusée par ma direction de mentir sur mes traitements et de fabuler sur la chronicité de Lyme qui d’ailleurs n’est toujours pas reconnue en France.
Maintenant je me considère comme guérie.
Bien d’autres n’ont pas cette chance, la recherche sur cette maladie étant au point mort.J’ai traversé des moments de désespoir profond, que vous connaissez tous, notamment lorsqu’un médecin m’a condamnée en me disant qu’il fallait que je me fasse à l’idée que je finirai ma vie dans un fauteuil à cause de Lyme, que j’étais trop atteinte, j’avais 22 ans.
Quand j’ai décidé de nager le défi Monte Cristo, j’ai choisi de partager mon histoire avec vous pour que dans les moments les plus sombres, peut être, quelqu’un puisse se dire : Je peux y arriver, je vais aller mieux.
J’ai commencé un entraînement classique en piscine, mais les crampes au niveau des jambes me forçaient à arrêter les séances prématurément. J’ai pris du potassium, revu mon alimentation, essayé de les muscler avec des séances d’escalade et de gym mais rien à faire.
Deux mois avant la course, le problème persistait, j’ai donc décidé de faire cette traversée en ne nageant qu’avec les bras.Je ne suis pas du tout arrivée dans les premiers, j’étais 453 ème sur 535, mais je suis arrivée!
L’eau était très froide, 16 degrés, suite à un fort mistral, les courses du vendredi et les longues du samedi ont été annulées. Les courses du dimanche ont pu avoir lieu, il y a eu plusieurs hypothermies sur la course, mais aucune méduse.
Les nageurs qui étaient sur la ligne de départ avaient l’air forts et bien préparés, le stress a commencé à monter.
Arrivée à côté des îles d’Endoume, le froid commençait à me saisir, mais je me disais que comparé à Lyme, nager en mer, ce n’était rien, que j’avais survécu, que j’arriverai coûte que coûte.
Je pensais à tous les gens qui se battent, à ceux qui n’ont pas survécu aussi. Et puis la ligne d’arrivée, où j’étais attendue par des êtres chers.
(J’ai une gratitude énorme pour tous ceux qui m’ont aidée, soignée, accompagnée, entourée, crue, aimée et encouragée pendant toutes ces années, qui m’ont fait les courses, donné des mots, des livres, des rires etc etc) ❤️Tout ça pour dire
J’espère que cette lecture pourra apporter une petite lumière quand tout est noir à ceux qui en ont besoin.
Je vous souhaite de retrouver une santé suffisante pour effectuer tous les défis que vous voulez.Bien à tous,
Lise