États-Unis : une table ronde nationale autour de la maladie de Lyme réunissant patients, cliniciens et chercheurs

Le 15 décembre 2025, le Département américain de la Santé et des Services sociaux (HHS) a organisé une table ronde nationale dédiée à la maladie de Lyme, centrée sur les besoins diagnostiques et cliniques des personnes touchées et animée par le secrétaire à la santé des États-Unis, Robert F. Kennedy Jr.. Cette initiative marque une étape importante dans l’engagement officiel d’un gouvernement fédéral pour faire progresser la compréhension scientifique, l’innovation diagnostique et l’amélioration de la prise en charge des personnes affectées par la maladie de Lyme et ses séquelles. 

L’événement, qui s’inscrit dans la mise en œuvre des objectifs du Make America Healthy Again Commission Strategy Report, a rassemblé des patients, des cliniciens, des chercheurs, ainsi que des parlementaires américains tels que la sénatrice Susan Collins et les représentants Morgan Griffith et Chris Smith. Tous ont partagé expériences et recommandations pour améliorer les pratiques de soins et accélérer la recherche. 

Les autorités sanitaires américaines reconnaissent désormais plus clairement qu’une proportion significative des personnes infectées, estimée autour de 20 %, développe des symptômes persistants pouvant évoluer vers des formes chroniques et invalidantes, parfois malgré une prise en charge initiale conforme aux recommandations. Cette réalité clinique, longtemps sous-estimée, constitue l’un des fils conducteurs des discussions engagées lors de cette table ronde.

Un des points centraux de cette initiative a été la volonté affichée de faire progresser des outils de diagnostic plus fiables et plus sensibles, en particulier pour détecter la maladie à différents stades. À ce jour, les tests disponibles ne permettent pas toujours une détection précise, en particulier dans les phases précoces ou tardives de l’infection, ce qui limite l’accès à des soins appropriés. Les autorités américaines reconnaissent qu’un pourcentage significatif de patients continue de présenter des symptômes persistants après traitement, conduisant à des conditions chroniques associées à l’infection. 

Dans ce cadre, le HHS a annoncé le renouvellement du partenariat LymeX Innovation Accelerator, une initiative public-privé soutenue par la fondation Steven & Alexandra Cohen. Ce programme, doté de 10 millions de dollars, vise à soutenir le développement d’outils diagnostiques de nouvelle génération, notamment grâce à des technologies d’intelligence artificielle et à des approches biologiques de haute dimension. L’objectif est de favoriser une détection plus précoce et plus précise de l’infection. 

Un autre volet de cette table ronde a été la clarification, par les Centers for Medicare & Medicaid Services (CMS), du soutien aux personnes atteintes de Lyme via le programme de gestion des soins chroniques (Chronic Care Management). Cette mesure vise à faciliter l’accès à des soins coordonnés et à réduire les obstacles financiers pour les patients avec des affections complexes à long terme. 

Le HHS affirme que ces efforts s’inscrivent dans une stratégie nationale globale pour renforcer la prévention, le diagnostic et les soins à long terme pour les personnes atteintes de la maladie de Lyme et d’autres affections chroniques associées à des infections. L’administration met l’accent sur la transparence scientifique, l’engagement direct avec les patients, et l’innovation ouverte via des données publiques et des collaborations multisectorielles. 

Au-delà des annonces techniques, cette table ronde illustre une évolution notable de la posture institutionnelle américaine, avec une volonté affichée d’intégrer l’expérience des patients, de soutenir la recherche et d’ouvrir le champ des possibles face à une maladie encore insuffisamment comprise. Dans un contexte politique par ailleurs clivant, on peut y voir la démonstration qu’à quelque chose malheur est parfois bon, lorsque l’attention se porte enfin sur des enjeux de santé publique longtemps négligés.

À terme, les avancées engagées aux États-Unis pourraient bénéficier indirectement aux patients français, en faisant progresser la recherche internationale, les outils diagnostiques et la reconnaissance des formes persistantes de la maladie. Au-delà des contextes et sensibilités propres à chaque pays, cette dynamique institutionnelle rappelle surtout qu’un changement reste possible lorsque l’on accepte d’écouter les patients et de faire évoluer les cadres existants, ce qui constitue en soi un signal d’espoir pour les personnes concernées.

Sources :

https://www.hhs.gov/lyme/index.html?fbclid=Iwb21leAOt1I5jbGNrA63UEGV4dG4DYWVtAjExAHNydGMGYXBwX2lkDDM1MDY4NTUzMTcyOAABHvsKi2WocfitD5cuRwY1Q-Y2oNpN_SfdsNiu7m1ogb7yxi9RpNkuOvMUYm-X_aem_M5vWDTQG-ginTaIZcWnLew

https://www.hhs.gov/press-room/secretary-kennedy-convenes-lyme-disease-patients-providers-announce-new-diagnostic-efforts.html