Les femmes développent davantage de formes graves et prolongées de la maladie de Lyme
Une équipe américaine vient de de le prouver sans équivoque : les femmes sont plus exposées à développer une forme chronique et sévère de la maladie.
L’étude publiée dans l’International Journal of General Medicine montre que dès le départ, le diagnostic des femmes est plus tardif, et plus souvent erroné ou incomplet.
Pour établir un diagnostic, elles doivent consulter en moyenne plus de médecins (36% en voient plus de dix avant d’obtenir un diagnostic, contre 25% pour les hommes), et elles reçoivent plus souvent un diagnostic erroné (80% contre 71% pour les hommes). Elles sont plus souvent diagnostiquées à tort Syndrome de Fatigue Chronique, fibromyalgie ou trouble psychiatrique, dans des proportions significatives (78% contre 63%).
En dehors de Borrelia, les femmes sont aussi plus touchées par les autres infections transmises par les tiques, comme Babesia, Anaplasma, Ehrlichia, Bartonella, Rickettsia, Mycoplasma et Tularémie (81% chez les femmes, pour 75% chez les hommes).
Conséquence de ces retards et erreurs de diagnostic : leurs symptômes sont plus graves, notamment pour ces six symptômes : fatigue (85 % contre 80 %), douleurs musculaires (73 % contre 64 %), douleurs articulaires (71 % contre 60 %), troubles du sommeil (68 % contre 61 %), troubles gastro-intestinaux (52 % contre 46 %) et maux de tête (49 % contre 39 %). Le pourcentage de femmes présentant des symptômes plus graves de neuropathie, de perte de mémoire et de maladie psychiatrique est plus élevé que celui des hommes. A l’inverse, les hommes présentent légèrement plus de contractions musculaires, de troubles cognitifs et de troubles cardiaques, mais les différences sur ces symptômes ne sont pas statistiquement significatives.
En raison de leur maladie de Lyme longue (en anglais dans le texte : ‘PLD/CLD, Persistent or chronic Lyme disease’), les femmes sont davantage handicapées (36 % contre 30 %), elles sont plus nombreuses à recourir à des équipements spéciaux (20 % contre 15 %), et elles sont clouées plus souvent au lit au cours des six derniers mois (63 % contre 49 %) .
C’est la première fois à notre connaissance qu’une étude scientifique traite ce sujet des différences entre les genres, pour la forme longue de la maladie. Les résultats sont pour le moins probants ; ils amènent les auteurs à proposer de nouvelles recherches pour déterminer les causes biologiques à l’origine de ces différences entre les sexes, et permettre d’améliorer le parcours de soins des femmes.
A noter par ailleurs : cette étude montre que le traitement par antibiotiques apporte une amélioration certaine des symptômes pour la majorité des patients (57%), au même niveau pour les femmes et pour les hommes.
Enfin pour information, le critère « d’inclusion » de cette étude : elle a porté sur les données de 2170 patients américains atteints de la maladie de Lyme restés malades pendant six mois ou plus après un traitement antibiotique.
Pour en savoir plus : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37351009/