Rapport du Réseau Sentinelles : Retour sur leurs travaux de 2024
L’équipe du Réseau Sentinelles travaille sur la veille sanitaire depuis 1984 pour suivre et décrire l’évolution d’indicateurs en médecine générale et pédiatrie et d’autre part réalise des travaux épidémiologiques et biostatistiques.
Le site grand public est http://www.sentiweb.fr.

Le rapport 2024 de leurs travaux est publié. Il est disponible sous ce lien.
En page 8, au 1er janvier 2025, 1 271 médecins en activité étaient inscrits au réseau Sentinelles dont 1 142 médecins généralistes libéraux (MGL) soit 2,1 % des MGL de France hexagonale sur 55 660 au 31 décembre 2023 selon la Caisse nationale de l’Assurance Maladie – Cnam.
La borréliose de Lyme (version aigüe) est surveillée depuis 16 ans (2009) en page 13.
Retour sur les éléments qui nous intéressent dans la surveillance continue et les études ponctuelles :
Résultats de la surveillance continue et annuelle de la borréliose de Lyme de janvier à décembre 2024
Page 104 – 109
Dans le cadre de la surveillance de la maladie de Lyme depuis 2009, les critères d’inclusion des cas sont très strict. L’érythème migrant est indispensable sauf pour les formes disséminées précoces notamment avec les atteintes neurologiques, articulaires ou cardiaques avec une sérologie positive en Elisa et confirmée par Western Blot tout aussi indispensable à la validation des cas.
Les manifestations disséminées incluent les lymphocytomes, les méningo-encéphalite ou radiculite et les paralysies faciales.
Ce qui donne 138 cas d’érythème migrant sur 143 cas validés pour les statistiques.
Etant donné les manifestations diverses de la maladie de Lyme, la probabilité de ne pas voir un érythème migrant à cause de son mauvais positionnement, de le confondre avec un érythème dû à une morsure d’insecte ou qu’il n’apparaisse pas, ces cas n’entrent pas dans les statistiques.
Selon cette analyse 2024, en page 109, nous apprenons qu’il n’y a que 40 % des érythèmes migrant qui sont en forme de cible (la forme théorique), que presque 27 % des personnes ayant un EM ne se rappelle pas avoir été mordu et que la durée moyenne de diagnostic est de 10 jours.


D’après ce rapport, le nombre de cas de borréliose de Lyme aigüe serait donc en baisse par rapport aux années 2016 – 2020. Comment expliquer une baisse des cas en contradiction avec le retour de la population signalant plus de morsures, dans des zones nouvelles (jardins privés et publics) et un changement climatique qui favorise la survie des tiques ? Par ailleurs, France Lyme tient à signaler un biais méthodologique sur l’indicateur « Maladie de Lyme », à savoir que les médecins Sentinelles se trouvent très majoritairement en zone urbaine quand les piqûres ont lieu très majoritairement en zone rurale.

SENTICK
Actuellement, il y a une enquête en cours sur l’épidémiologie des piqûres de tique en médecine générale en France métropolitaine. Les médecins adhérant au réseau participent à cette étude. Cette étude ponctuelle nommée SENTICK porte sur la tique, vecteur d’agents pathogènes dont une proportion appartient aux maladies infectieuses émergentes. Cette étude a pour objectifs :
– d’estimer de façon prospective le taux d’incidence annuel des cas de piqûre de tique vus en consultation de médecine générale en France métropolitaine (hors maladie de Lyme) ;
– de décrire les caractéristiques des cas vus en consultation de médecine générale en lien avec une piqûre de tique ;
– et de rechercher, quand la tique est apportée par le patient en consultation, les principaux pathogènes transmissibles par piqûre de tique en France métropolitaine (principalement Borrelia, Anaplasma, Rickettsia).
Résultats :
179 médecins généralistes de toutes les régions ont participé à l’étude, entre avril 2023 et mai 2024, rapportant 483 patients vus à la suite d’une piqûre de tique.
L’âge médian était de 45 ans et 55 % des cas étaient des femmes.
Près de la moitié des patients ont consulté pour un avis médical en l’absence de signes cliniques.
Le taux d’incidence national a été estimé à 318 cas pour 100 000 habitants pour l’ensemble de la période, avec un pic observé en juin 2023.
L’étude épidémiologique observationnelle SENTICK a permis d’évaluer l’incidence des consultations pour motif de piqûre de tiques (hors cas avérés de maladie de Lyme) à 318 cas pour 100 000 habitants, ce qui signifie qu’il y a chaque année en France de l’ordre de 210 000 consultations pour ce motif. France Lyme se félicite que cette étude s’intéresse ainsi aux autres maladies vectorielles à tiques.
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Il est à noter que les travaux effectuées par l’équipe Sentinelles à partir des données de surveillance donnent lieu à des publications scientifiques dont les principales sont disponibles sur le site Internet du réseau Sentinelles :