Retour sur le Symposium à l’Institut Cochin du 05 décembre 2025

Le 5 décembre, un symposium a été organisé à l’Institut Cochin sur le Covid long et les autres syndromes post-infection aiguë, dont le Lyme long, évoqué par plusieurs interventions.

L’idée forte du symposium tient dans la conviction que, pour faire progresser le diagnostic et les traitements, il faut dépasser l’observation des symptômes et explorer les mécanismes qui les sous-tendent. Cette démarche, ont montré les intervenants, est indispensable pour sortir de l’errance dont souffrent tant de malades.

Les symptômes se ressemblent d’un syndrome post-infectieux à l’autre et peuvent toucher tous les systèmes de l’organisme : fatigue, troubles cognitifs, douleurs migrantes, dysautonomie, difficultés respiratoires, cardiaques ou vasculaires. Multiples, non spécifiques et changeants, ils prennent sens lorsqu’on se penche sur ce qui se passe dans les tissus : plusieurs mécanismes communs émergent, parmi lesquels la persistance de micro-organismes pathogènes, un dérèglement immunitaire systémique, une dysbiose intestinale, des troubles de la coagulation, une inflammation cérébrale ou un dysfonctionnement mitochondrial.

L’interdisciplinarité apparaît essentielle pour appréhender cette complexité. Les mécanismes en jeu ne relèvent d’aucun organe isolé, mais impliquent l’ensemble des tissus de l’organisme — la circulation sanguine, le système immunitaire, la barrière intestinale, les mitochondries, et bien d’autres. Le symposium a ainsi réuni, en dépassant les frontières traditionnelles des spécialités, des immunologues, microbiologistes, virologues, cliniciens, infectiologues, spécialistes du métabolisme, endocrinologues, hématologues, experts en neuroimagerie ou encore chercheurs en biologie computationnelle.

Plusieurs équipes ont montré que, chez certains patients, le SARS-CoV-2 persiste sous des formes variées : virus répliqué dans certains tissus, fragments d’ARN ou de protéines au sein des monocytes ou même des plaquettes. Cette persistance rappelle les hypothèses formulées autour de la maladie de Lyme, où la présence de bactéries résiduelles ou d’antigènes persistants pourrait contribuer à alimenter une inflammation systémique. Dans ces syndromes au long cours, l’immunité oscille entre activation excessive et dérégulation profonde. Les cellules immunitaires demeurent dans un état d’alerte qui affecte durablement le métabolisme, les mitochondries, l’endothélium et jusqu’au cerveau lui-même.

À travers l’imagerie, des analyses biologiques complètes et des modèles cellulaires, les chercheurs ont dessiné les contours d’un paysage commun : celui d’un organisme encore habité par l’intrusion microbienne ou hanté par sa mémoire. Anomalies énergétiques, perturbations du tryptophane, microcaillots, neuroinflammation ou dysautonomie forment autant de pièces d’un puzzle partagé notamment avec le Lyme long.

Malgré les avancées, les défis restent considérables, et les échanges ont été riches. Deux enjeux majeurs ont été soulignés. Le premier est la recherche de biomarqueurs : pour mettre fin à l’errance, plusieurs programmes visent à identifier des indicateurs mesurables dans des tests simples, accessibles et réalisables en routine. Le second est le lancement d’essais thérapeutiques robustes : dépasser les études de faisabilité pour parvenir à des essais randomisés contre placebo suppose de convaincre laboratoires et industriels de s’engager pleinement.

Parmi les conclusions fortes du symposium, il faut retenir que le Covid long, comme le Lyme long, n’est une pathologie ni homogène ni isolée. Les mécanismes sont largement partagés, et les micro-organismes pathogènes — virus, bactéries, parasites, etc. — coexistent souvent au sein des organismes. La discussion finale a ainsi souligné qu’il fallait rechercher non seulement des biomarqueurs par pathogène, utiles au diagnostic, mais aussi des biomarqueurs fondés sur les symptômes et les mécanismes physiopathologiques associés, indispensables au suivi thérapeutique. Puisque les syndromes post-infectieux échappent aux catégories simples et aux frontières disciplinaires, il est peu probable qu’un traitement unique puisse répondre à une condition aussi hétérogène.