Rapport du Réseau Sentinelles : Retour sur leurs travaux

L’équipe du Réseau Sentinelles travaille sur la veille sanitaire depuis 1984 pour suivre et décrire l’évolution d’indicateurs en médecine générale et pédiatrie et d’autre part réalise des travaux épidémiologiques et biostatistiques.

Le site grand public est http://www.sentiweb.fr.

Le rapport 2022 de leurs travaux est publié. Il est disponible sous ce lien : https://www.sentiweb.fr/france/fr/?page=bilan

Retour sur les éléments qui nous intéressent.

SENTICK

Actuellement, il y a une enquête en cours sur l’épidémiologie des piqûres de tique en médecine générale en France métropolitaine. Les médecins adhérant au réseau participent à cette étude. Cette étude ponctuelle nommée SENTICK porte sur la tique, vecteur d’agents pathogènes dont une proportion appartient aux maladies infectieuses émergentes. Cette étude a pour objectifs :
– d’estimer de façon prospective le taux d’incidence annuel des cas de piqûre de tique vus en consultation de médecine générale en France métropolitaine ;
– de décrire les caractéristiques des cas vus en consultation de médecine générale en lien avec une piqûre de tique ;
– et de rechercher, quand la tique est apportée par le patient en consultation, les principaux pathogènes transmissibles par piqûre de tique en France métropolitaine (principalement Borrelia, Anaplasma, Rickettsia).

Notre association est agréablement surprise de constater qu’il n’y a pas que borrelia dans cette étude.

Retour d’enquête ponctuelle

Entre 2016 et 2021, l’équipe a aussi travaillé sur déterminants spatiaux et saisonniers de l’incidence de la borréliose de Lyme en France car c’est la zoonose (maladie infectieuse qui est passée de l’animal à l’homme et inversement) à tiques la plus répandue dans l’hémisphère Nord. Le nombre de nouveaux cas (incidence) de borréliose de Lyme augmente avec la présence de cerfs, une température du sol douce (15 à 22°C) et une saturation modérée de l’air en humidité tout cela lié à une fréquence de morsure de tique plus élevée.

Cette étude confirme que la situation géographique et climatique de la France est favorable à la prolifération des tiques.

Surveillance continue

Dans le cadre de la surveillance de la maladie de Lyme depuis 2009, les critères d’inclusion des cas sont très strict. L’érythème migrant est indispensable sauf pour les formes disséminées précoces notamment avec les atteintes neurologiques, articulaires ou cardiaques avec une sérologie positive en Elisa et confirmée par Western Blot tout aussi indispensable à la validation des cas. Ce qui donne 151 cas d’érythème migrant sur 154 cas validés pour les statistiques. Selon cette étude, nous apprenons qu’il n’y a que 42 % des érythèmes migrant qui sont en forme de cible et que presque 30% des personnes ayant un EM ne se rappelle pas avoir été mordu.

Etant donné les manifestations diverses de la maladie de Lyme, la probabilité de ne pas voir un érythème migrant à cause de son mauvais positionnement, de le confondre avec un érythème ou qu’il n’apparaisse pas, ces cas n’entrent pas dans les statistiques.

Ces chiffres sont remontés par moins de 600 médecins du réseau. Ils ne représentent qu’environ 0,6% des médecins libéraux en exercice. Quelle fiabilité attribuer à un si faible retour pour en déterminer des statistiques nationales ?

D’après ce rapport, le nombre de cas de borréliose de Lyme aigüe serait donc en baisse par rapport aux années précédentes.

En page 92 du rapport, nous pouvons consulter les taux d’incidence par région et par année, la variabilité montrée par les graphiques est difficile à interpréter et pose question sur les raisons de cette variabilité :
Est-ce le manque de médecins dans le réseau ?
Est-ce la concentration des médecins sur certaines agglomérations et d’autres départements totalement vides ?
Est-ce l’absence de cas identifiés dans certaines régions comme la Normandie et la Picardie en 2022 alors qu’il y en avait les années précédentes ?
Est-ce que la médiatisation sur la forme aigüe comme étant une maladie bénigne qui n’engage pas les personnes mordues à consulter ?

Cette baisse ne correspond pas à la réalité remontée par les malades et les courriels reçus par notre service des référents.

Nous allons prendre contact avec l’équipe pour mieux comprendre cette évolution.