Une lettre de France Lyme dans la Croix

France Lyme vient de publier une lettre dans le quotidien La Croix, du 19 décembre 2012

Querelle de spécialistes autour de la maladie de Lyme. Anne Jourdan, présidente de France Lyme
Les petites bêtes ne mangent pas les grosses… Certes, mais ce que l’on ignore souvent, c’est que la tique, un petit acarien présent dans toute la France, peut entraîner une maladie parfois sévère : la maladie de Lyme. C’est une maladie infectieuse d’origine bactérienne qui peut toucher aussi bien les articulations, les muscles, la peau et le coeur que les nerfs. Elle est appelée par les experts « la grande imitatrice ».
Peu de médecins pensent aujourd’hui à ce diagnostic, malgré des signes parfois évocateurs, puisque la maladie de Lyme est classée parmi les maladies rares. Le réseau Sentinelles, chargé de la surveillance de cette maladie en France, a recensé 26 300 cas en 2011, sur la base de la présence d’un érythème migrant (tache rouge ou rosée, signe indiscutable de la maladie) mais qui, selon les études scientifiques, n’apparaît que dans un cas sur deux environ. Le nombre de malades est donc largement sous-estimé : il y aurait environ 50 000 nouveaux cas par an et au total 500 000 malades, qui s’ignorent parfois car classés sous des diagnostics erronés : sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, dépression… À titre de comparaison, en Allemagne, la Sécurité sociale et l’institut Robert-Koch dénombrent 90 000 nouveaux cas par an et 900 000 malades au total.
L’association France Lyme, la principale association française de lutte contre les maladies vectorielles à tiques, a adressé récemment une lettre ouverte à la ministre de la santé, Marisol Touraine, pour lui demander une évolution dans la prise en charge et dans la prévention des maladies dues aux tiques (1). Seulement 3 % de la population connaît la maladie et les gestes de prévention, alors que les loisirs en plein air se multiplient…
Cette maladie est l’objet d’une querelle de spécialistes en France et à l’étranger. La société d’infectiologie américaine (Idsa), suivie par la Société française d’infectiologie (Spilf), qui a édicté un consensus de prise en charge en 2006, assure que la maladie de Lyme est facile à diagnostiquer et à soigner par antibiotiques. Cependant, la fiabilité des sérologies est aujourd’hui de 30 à 50 % et des procès aux États-Unis ont mis en évidence des conflits d’intérêts impliquant des responsables de l’Idsa. D’autres médecins, regroupés au niveau international dans l’Ilads, affirment au contraire que c’est une maladie complexe qui peut devenir chronique ; les études médicales leur donnent raison. Les traitements antibiotiques doivent être de longue durée pour combattre les bactéries.
De plus en plus de médecins français vont dans le sens de l’Ilads. Mais la Sécurité sociale les sanctionne parfois sévèrement puisqu’ils ne suivent pas le consensus de la Spilf.Pourtant, les personnes atteintes subissent aujourd’hui des batteries d’examens, ont des diagnostics erronés et engloutissent antidouleurs, antidépresseurs et anxiolytiques, inefficaces et beaucoup plus onéreux que les antibiotiques. Il est temps de réagir pour donner un espoir aux malades et arrêter ces dépenses inutiles.
(1) Lettre à Marisol Touraine disponible sur http://www.francelyme.fr
JOURDAN Anne

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