Une nouvelle façon de penser les maladies chroniques ?

Il y a quelques jours, les 29 et 30 juin, les National Academies ont organisé à Washington un séminaire très intéressant sur le thème des maladies chroniques associées à une infection. Comme le Covid long, la sclérose en plaque, le syndrome de fatigue chronique, la forme chronique de Lyme, etc.

Ces maladies ont beaucoup en commun : associées (ou consécutives) à des infections, elles sont difficiles à diagnostiquer, encore plus difficiles à traiter, et peuvent provoquer sur le long terme des symptômes souvent sévères et handicapants, sans qu’on en ait vraiment compris les causes et les mécanismes.
L’impact de ces pathologies est impressionnant. A titre d’exemple, les spécialistes américains donnent ces chiffres :

  • Aux USA, le Covid long est responsable de la perte de l’équivalent de 1,6 million de travailleurs à plein temps.
  • Aux USA également, on estime entre 1,7 et 3,3 millions le nombre de patients diagnostiqués SFC/ME (fatigue chronique / encéphalomyélite myalgique), à 2 millions le nombre de patients Lyme chronique, et à 700 000 le nombre de patients porteurs de la sclérose en plaque.
  • Au Royaume Uni, la perte économique attribuable au Covid long est chiffrée à plus de 3,5 milliards d’euros par an.
    Les échanges ont porté notamment sur les différents facteurs intervenant dans ces maladies, comme le dysfonctionnement du système immunitaire et celui du système nerveux autonome, l’inflammation cérébrale, le rôle du microbiote, etc.

Avec une conclusion évidente : pour accélérer les recherches sur les diagnostics et les traitements, il faut briser les murs entre les labos qui travaillent sur ces différentes maladies. Et une recommandation choc : créer un nouveau département, au sein de l’Agence Fédérale US de la Recherche, pour regrouper toutes les recherches dédiées à ces pathologies.
Ce serait une première mondiale, car elle marquerait la reconnaissance officielle de ces pathologies chroniques « associées à une infection », et permettrait surtout un financement de la recherche, et on peut l’espérer, de la prise en charge de malades.

Notre consoeur Dorothy Kupcha Leland, rédactrice pour le blog de la vénérable association américaine lymedisease.org termine son article relatant ce séminaire par ce message d’espoir :
« Nous sommes à un tournant. Les responsables nationaux de la santé et les institutions de recherche (américaines) sont enfin prêts à accorder à ces maladies chroniques graves l’attention qu’elles méritent. C’est pour cet objectif que la communauté des patients se bat depuis toutes ces années. Cela me remplit d’espoir ; jamais auparavant je n’ai ressenti autant d’espoir ! »

La reconnaissance de l’existence de ces maladies chroniques ‘associées à des infections’ (Covid long, Lyme ‘long’, SEP, fatigue chronique, fibromyalgie, etc.), et l’idée de regrouper les recherches sur ces maladies sont dans l’esprit de beaucoup de chercheurs et de décideurs sanitaires dans le monde actuellement. A l’image de ces centres inaugurés au Québec l’an dernier, dont je vous ai déjà parlé, qui étudient et traitent les malades Covid long et Lyme. C’est une voie très prometteuse pour avancer sur Lyme et les maladies à tique (MVT), car à l’évidence certains mécanismes à l’origine de ces maladies sont similaires.
Ici chez nous, en France, les autorités concernées prendront-elles le même tournant ?

Source : https://www.lymedisease.org/new-way-of-thinking-long-haul/