Conférence de l’ILADS, One Health Lyme, septembre 2020

Mi-Septembre, l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society) a tenu sa conférence annuelle en mode webinaire en raison de la crise sanitaire mondiale. Nous étions présents à cette conférence de 4 jours, nous vous présentons ce que nous avons retenu en synthèse des 49 présentations  :

– Tout d’abord, la confirmation scientifique de l’existence de la forme chronique de la maladie : le nombre d’études scientifiques qui prouvent cette existence est vraiment impressionnant. A titre d’exemple, le Dr Shor cite plus de 250 publications dans des revues validées par des pairs, donnant les références de ces études une par une (la liste fait 20 pages !).  Tout aussi impressionnantes sont la précision des données et les preuves factuelles irréfutables fournies par ces études. On ne voit pas comment des scientifiques de formation pourraient réfuter ces preuves indiscutables.

– Les progrès réalisés dans les outils de visualisation et d’analyse des pathogènes et des tissus :  nous pouvons à présent visualiser les bactéries en 3D à l’intérieur des organes, et détecter ainsi des colonies de Bartonella dans le cerveau par exemple. Il est aussi possible d’analyser très rapidement le génome complet des pathogènes, à l’aide d’un petit boitier portatif, contenant le prélèvement, connecté à un PC portable. Cela ouvre des perspectives nouvelles car jusque là on analysait que des fragments de génome, et les coûts et les délais d’obtention rendaient ces analyses inutilisables pour le suivi des patients.

– Le concept de One Health : qu’on pourrait traduire par « Santé Globale », c’est à dire englobant non seulement les humains mais aussi tout le règne animal et végétal. On se rend compte que la santé humaine, celle des animaux, des végétaux et de tout notre éco-système sont interdépendantes. En particulier il faut que les médecins et les vétérinaires travaillent beaucoup plus ensemble. Par exemple, il a été démontré en labo que les chats peuvent attraper le COVID, et se le transmettre de chat à chat. Des recherches devraient être lancées pour voir si la transmission chat-homme est possible. A suivre !

– Le Disulfirame : le Pr K. Liegner a présenté le retour d’une étude faite sur 3 ans d’utilisation du Disulfirame pour traiter 70 patients Lyme . Le bilan est assez impressionnant : 92,5% des patients éprouvent une «  amélioration nette » et 36,5% des patients sont en «  rémission durable » à ce jour. C’est d’ailleurs cette étude qui a reçu la « palme d’or » décernée par le collège des scientifiques et des médecins de l’ILADS cette année. Ces résultats sont encourageants, mais il faut rester prudents car ils reposent sur un échantillon très limité. Le Disulfirame nécessite un suivi très encadré par un médecin expérimenté, et à notre connaissance encore très peu de médecins le prescrivent pour Lyme, il y en a quelques uns aux Etats-Unis (Drs Liegner et Kinderlehrer) et quelques uns également en Allemagne. Bien sûr, nous suivrons de près les évolutions sur ce sujet.

– Les similitudes entre Lyme et COVID : les deux maladies présentent beaucoup de points communs : 

– l’une et l’autre se caractérisent par l’apparition de symptômes multiples, touchant potentiellement de nombreux organes, et notamment le système nerveux et le cerveau

– de nombreux patients présentent des symptômes « tardifs », ou persistants voire chroniques après traitement

– beaucoup de traitements sont communs aux deux maladies, notamment ceux destinés à contrôler les flambées inflammatoires.    

Au-delà, une partie des recherches engagées sur le COVID vont sans doute profiter aux porteurs de maladies Lyme&Co, notamment celles permettant de mieux comprendre et de renforcer le système immunitaire. 

– Les aspects neuropsychologiques de Lyme&Co : plusieurs études analysent l’impact de Lyme&Co sur 3 plans – cognitif, émotionnel, comportemental -, les conséquences (avec les statistiques en termes de phobies, dépression, suicide), et les liens avec l’addiction sous toutes ses formes. Le Dr Linda Williams a détaillé les mécanismes qui se déroulent dans le cerveau, et le rôle des différents pathogènes : Borrelia n’apparaît jamais seule, elle est toujours accompagnée de co-infections et très souvent Bartonella. Elle a également présenté différentes stratégies de traitement, en s’appuyant sur plusieurs cas cliniques réels.

– Borrelia Miyamotoi : Le Dr Tatjana Mijatovic et le Dr Louis Teulières ont présenté des études mettant en évidence les performances de moyens diagnostiques nouveaux à partir de la culture de phages (virus modifiés s’attaquant spécifiquement à un type de bactéries) pour détecter la présence de Borrelia. Ces études montrent en particulier une prévalence de la présence de Borrelia Miyamotoi, présente dans 60% des prélèvements faits sur 2200 patients Lyme chronique en Europe et en Amérique du Nord. C’est une surprise pour la communauté scientifique Lyme, car on considérait jusqu’ici que Borrelia Burgdoferi était la principale souche impliquée. Des études complémentaires sont en cours pour confirmer ce résultat sur des échantillons plus conséquents. Par ailleurs des indices montrent que cette bactérie est possiblement antibio-résistante, notamment face à l’amoxicilline, ce qui n’est pas le cas de B. Burgdorferi. Cela pourrait expliquer des cas de persistance de symptômes Lyme après l’élimination de B. Burgdoferi. Cela pourrait modifier certains traitements antibiotiques pour cibler spécifiquement B. Miyamotoi.

En conclusion, les éléments présentés lors de cette conférence sont porteurs d’espoir pour les patients :

– les preuves tangibles de l’existence et des manifestations de Lyme chronique s’accumulent, cela va nous aider pour faire reconnaître la forme chronique de la maladie,

– les moyens de diagnostic et d’investigation s’améliorent, cela va permettre de mieux comprendre, de mieux suivre l’évolution et donc de mieux traiter les patients

– de nouveaux traitements sont à l’étude ou en cours de test, pour Borrelia et pour les principales co-infections,

Si on ne dispose pas encore de la panacée universelle pour traiter Lyme&Co chronique, il est rassurant de voir que beaucoup de scientifiques et de médecins travaillent tous les jours à faire progresser la recherche, en enregistrant des progrès significatifs.