Pourquoi les traitements contre la forme persistante de Lyme échouent-ils souvent ?
A l’échelle mondiale, plusieurs recherches ont montré que les traitements antibiotiques sont en échec pour 10 à 30% des patients atteints de la maladie de Lyme, qui continuent à présenter divers symptômes des mois ou des années après le traitement antibiotique recommandé.
C’est d’ailleurs notre problème essentiel aujourd’hui : si le traitement standard de 2 à 3 semaines d’antibiotiques fonctionnait à tous les coups, les malades retrouveraient avec bonheur la pleine santé, à quelques co-infections près qu’il resterait à traiter, bien sûr, mais on aurait fait l’essentiel.
La même équipe, dirigée par Monica Embers, professeure agrégée de microbiologie et d’immunologie à Tulane, a étudié les causes de ce problème, in vitro et in vivo sur les modèles animaux, principalement les grands primates.
En synthèse, elle confirme que 3 mécanismes sont probablement à l’œuvre à des degrés divers pour expliquer ce phénomène :
- L’inflammation auto-immune « directe » : le système immunitaire attaque les cellules de l’hôte par erreur, alors qu’il n’y a plus de bactérie pathogène,
- L’inflammation auto-immune causée par la persistance de débris non éliminés de bactéries : en particulier le peptidoglycane, qui fait partie des protéines de surface des bactéries, qui continuerait à sur-stimuler le système immunitaire,
- La persistance de l’infection elle-même : plusieurs études in vivo sur les animaux ont permis de confirmer la persistance de bactéries après traitement.
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Et en conclusion, cette étude établit aussi les axes de recherche pour identifier des biomarqueurs de diagnostic et des traitements de nouvelle génération.
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Monica Embers, professeure agrégée de microbiologie et d’immunologie à Tulane
Pour en savoir plus :
Lyme disease and the pursuit of a clinical cure https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2023.1183344/full