Des chercheurs de l’université de Yale tentent d’identifier les biomarqueurs du Covid long, du Lyme chronique, de l’encéphalite myalgique chronique et du syndrome de fatigue chronique

Selon les Centers for Disease Control (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, administration états-unienne de la santé publique) une sur dix des personnes ayant souffert du Covid développe un Covid long, avec des symptômes persistants pendant des semaines, des mois ou des années. Alors que le Covid affecte l’ensemble de la population, des nourrissons aux personnes âgées, on constate une prévalence importante du Covid long chez les femmes de 30 à 50 ans.

Les National Institutes of Health (Instituts gouvernementaux pour la recherche en matière de santé) ont débloqué 1,15 milliard de dollars pour la recherche sur le Covid long, une somme que beaucoup, aux États-Unis, estiment insuffisante. Le soutien financier à la recherche sur l’encéphalomyélite myalgique et le syndrome de fatigue chronique est également modeste, alors qu’un rapport de l’Institut de Médecine estime qu’aux États-Unis le nombre de personnes souffrant de ces maladies est compris entre 836 000 and 2,5 millions. Le coût des soins et la perte de productivité en découlant sont estimés, eux, à un chiffre situé entre 17 et 24 milliards de dollars. Le taux de suicide chez les personnes souffrant de ces maladies atteint des niveaux inquiétants. Selon des recherches menées au Royaume Uni et en Espagne, la probabilité d’un décès par suicide est six fois plus élevée chez ces personnes que dans l’ensemble de la population.

Le 5 juin 2023, Akiko Iwasaki, professeure d’immunobiologie et d’épidémiologie des maladies infectieuses et directrice du Centre de recherche en infectiologie et immunologie de l’université de Yale, s’est vue décerner à Francfort le prix Else Kröner Fresenius de la recherche médicale. Ce prix prestigieux récompense ses découvertes majeures, d’importance mondiale, dans le domaine de ces maladies chroniques et va lui permettre de poursuivre ses recherches.

Selon Akiko Iwasaki, la pandémie de Covid et l’apparition du Covid long ont permis d’attirer l’attention sur l’existence de maladies comme l’encéphalomyélite myalgique, le syndrome de fatigue chronique et le Lyme chronique, des maladies ignorées jusqu’à une date récente. La prise de conscience du public est due notamment au fait que le Covid long touche simultanément 75 millions de personnes. La pandémie a appris au monde entier que ces maladies sont bien réelles et a permis que de nouvelles recherches soient menées à leur sujet. Selon Akiko Iwasaki, près de 50 % des personnes souffrant d’un Covid long souffriront par la suite d’un syndrome de fatigue chronique.

Un des objectifs de ses recherches est l’identification de biomarqueurs permettant d’identifier ces différents syndromes chroniques. La mise au point de thérapies permettant d’aider les patients qui en souffrent est évidemment le but final. Ses recherches ont montré que chez certains patients souffrant d’un Covid long, on constate des niveaux élevés d’anticorps de virus tel que l’Epstein Barr, ce qui indique une réactivation de virus latents.  Elle a pu démontrer aussi que chez les patients atteints de Covid long, le niveau de cortisol est plus bas que dans les autres groupes, qu’il y a un changement dans les lymphocytes T et une activation des lymphocytes B.

Akiko Iwasaki a collaboré avec le docteur Harlan Krumholz, cardiologue, pour un essai clinique consistant à administrer un antiviral oral, le Paxlovid, à des patients souffrant d’un Covid long. Cet essai pourrait permettre de découvrir des marqueurs de la maladie et donc de la diagnostiquer et de la traiter.

Les recherches de Akiko Iwasaki ont été en grande partie financées par les 3 millions de dollars offerts par des particuliers souffrant de l’une de ces maladies, ou dont un proche en souffre.

Source : Yale School of Medicine https://medicine.yale.edu/news-article/mecfs-long-covid-and-chronic-lyme-disease-research-aided-by-dollar3-million-in-donor-gifts-to-yale-school-of-medicine/